Tôt le matin, le coq a chanté plusieurs fois, et les Ratselbuwe doivent encore une fois se rassembler pour l'Angélus. Je peux témoigner qu'à cette étape du Samedi Saint le matin, ça devient difficile, car l'expérience est intense. Merci à Momo de m'avoir réveillé sous ma fenêtre une des 2 années, comme Huck sifflait sous le fenêtre de Tom.
Rebelotte pour le même "Daaa glock" que la veille. Celui dont les paroles faisait sourire chaque alstingeois, qui se faisait traité de "schlaafkop'" (en gros, un dormeur abusif). Le groupe de Ratselbuwe se réunissait à nouveau, puis au gré des pattes du mille-pattes, se scindait en groupe...
Daaa glock,
Steh auf du fauler schlaafkop’
Mach fei’er in den Hert
Dass d’ kaffee fertish werd
Daaa glock !
Trrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr*
* : le bruit des crécelles, optimiser la durée pour que la voix tienne jusqu'à Pâques.
Le "nouveau lotissement" du côté de Spicheren, la rue au blé, la rue des longschemps et son coude - puis la rue bellair pour revenir par les rue du Général Guillaume puis celle de St Jean, etc. donnaient donc lieu à subdivision du groupe pour atteindre parfois des entités de 2 ou 3 crécelleurs. En gros, le groupe d'Alsting se scindait souvent en deux.
Vers 9h, l'avant-dernière mission était accomplie. La "Ratsel" pouvait être rangée pour l'année suivante ou pour la génération suivante. La "mienne" allait au grenier - elle avait été construite par le dernier "Garde Suisse" du village, un voisin de la famille, et y était gravé le nom de mon père.
* * *
La dernière étape des Ratselbuwe pouvait enfin commencer. Tous, nous avions subi l'épreuve des derniers jours avec un grand bonheur, celui d'être entre copains et de servir à la communauté dans une manière auto-gérée, et sous coupe morale de l'Eglise et de Monsieur le Curé. Ca allait être encore mieux, même si la voix commençait serieusement à faire défaut.
Une charette ou deux, un groupe ou deux, et la tournée de remerciements se lançait une ultime fois à travers le village. Heureusement que le ciel était plutôt clément à cette époque, parce qu'en ce Samedi-matin on ne déambulait pas seulement, mais on faisait du porte-à-porte !
Et voilà ce que l'on chantait, très approximativement puisqu'une partie des paroles est certainement déformée :
Bal’ isch may
Gimmere ei
Lieber zwei
Wie oooster-eiii
Zwei soll ma geben
Solange wie ihr’ leben
De Himmel soll’a ’erben
De Selig soll’a sterben
Lieber zwei
Wie oooster-eiii !
Plus de crécelle - mais quand tout le monde s'arrête de chanter les villageois de longues dates savent ce qu'ils doivent aux jeunes garçons du village : de l'argent, des oeufs ou à manger et à boire. D'autres seront parfois intéressés par acheter des oeufs. A 1F l'oeuf depuis longtemps, il n'y a pas de surprise.
Tiens voilà le boulanger, il nous donne une douzaine de baguettes, qui iront bien avec le bon jambon du boucher. Et la supérette du village nous donnera l'eau ou peut-être de quoi tartiner. Les parents, la famille lointaine ou les voisins qui nous reconnaissent nous lègueront également de quoi remplir la cagnotte à répartir ou de quoi faire le festin jovial que mérite la jeune génération de Ratselbuwe. Pour ça on se réfugiera dans l'après-midi chez l'un d'entre nous ou quelque part dans la nature, assis à même le sol et à l'écart du village. Ce temps ensuite était à nous, rien qu'à nous.
Et certain d'entre nous auront encore à assumer le lendemain, Saint Jour de Pâques, leur communion solennelle. L'occasion de remettre la part de l'Eglise à Monsieur le Curé.
En souvenir de notre jeunesse...
Ciao
MfS
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire