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vendredi 13 juin 2008

Temps de travail à la française

Oublions un peu l'Europe et l'Euro, et regardons un peu où nous sommes... Mon expérience sur les 35h, leurs applications et leurs conséquences, en particulier donc dans l’industrie automobile française.

Début 2003, j’essayais de convaincre mes collègues RH et Contrôleur Financier d’alors qu’on devrait pouvoir vendre ses RTT (pour Réduction du Temps de Travail), et je subissais alors le feu de la résistance sociale basique, pour, en gros, me faire comprendre que l’idée n’était pas politiquement correcte. Heureusement depuis, les choses ont un peu évolué. Voyons un peu ci-après où nous en sommes arrivés aujourd’hui avec les 35 heures…


Par ailleurs, ce sujet intrigue beaucoup en France ces derniers temps ; Travaille-t-on donc moins qu’à l’étranger pour nous le faire reprocher assez souvent par la nébuleuse médiatique ?
J’ai aussi remarqué que ces questions ne venaient pas seulement de l’intérieur du pays, mais souvent j’ai entendu de collègues qu’on ne pouvait pas compter sur les français en mai, et pas beaucoup en juillet non plus et surtout pas en août. Alors qu’en est-il vraiment ?

Evidemment, les « 35 heures » ont changé la donne en France. Alors que le pays cherche de la compétitivité et donc de la productivité, on peut se demander pourquoi on continue à vivre à ce rythme, qui à l’origine consistait à partager le volume de travail à un plus grand nombre et pour une salaire grosso modo maintenu ?
Le résultat pour la plupart des techniciens (ETAM) et des cadres, les catégories clés dans le système des 35 heures, a été l’ajout d’une grosse dizaine de journées de repos complémentaires, les fameuses « RTT » ; et aussi un système de comptage précis du temps effectif de travail, communément appelé « le pointage ». Les entreprises « riches » ont même approché voire dépassé la vingtaine de jours de RTT, mais le plus souvent répartis à peu près également entre « RTT employeur », que l’employeur se réserve le droit de positionner à l’année (ex. les ponts), et « RTT employé » au libre positionnement du salarié, sous réserve de respecter certaines règles négociées dans l’entreprise (ex. un certain nombre maximal par trimestre).

Dans l’industrie automobile, le plus souvent, l’ouvrier et le technicien pointent donc leurs heures, alors qu’on considère que les cadres et le management occupent des fonctions incompatibles avec le pointage. En fonction des entreprises, les contraintes de fonctionnement au quotidien (suivi, dépassement, récupération) sont plus ou moins fortes, et la différence avec la période « pré-35h » est donc une certaine perte de souplesse (certains diront au profit d’une plus grande justesse). Plus rarement, les cadres sont soumis à ce régime de pointage, sinon ils suivent simplement les règles du code du travail (ex. pas plus de 11h d’affilée) mais restent soumis à un contingent de jours travaillés dans l’année, ce que ne manquent pas de préciser les contrats de travail correspondants.

Dans mon cas et celui de ma convention collective, je ne pointe pas et dispose de 25 jours de Congés Payés (entre juin et mai suivant) et de 12 jours de RTT (sur une année calendaire), dont 5 sont à mon libre positionnement. Ma fonction dans l’organisation me permet toutefois une certaine souplesse sur les 7 autres « RTT », ainsi qu’au quotidien pour les horaires de travail. Cela dit, les jours fériés restent des jours fériés et les week-ends restent des week-ends, bien qu’il ne soit pas exclu de temps en temps d’allumer son PC à la maison et de répondre au téléphone portable. Bref, ni 35h, ni 39h pour moi mais je crois qu’on peut dire que ce n’est jamais moins de 40 (jusqu’à 70 en mode projet intense), sans parler des déplacements…
Et si la fameuse productivité française n’est pas si mauvaise que ça, c’est, selon moi, notamment grâce à cette flexibilité, cette liberté qu’ont gardé une majorité de cadres, qui ne comptent que rarement leurs heures et pour lesquels 35h n’est qu’un décompte théorique voire une idéologie, certainement dépassée à l’heure de la compétition internationale.

Et sans vouloir dénigrer le rôle des ouvriers ou des ETAM, les ingénieurs et cadres soutiennent directement des pans entiers de l’industrie française (les relations commerciales, la recherche et le développement, l’organisation des entreprises, pour ne citer que des domaines très généraux). Ces mêmes activités, dont de toute façon celles de moindre expertise, sont déjà grandement externalisées dans les pays à bas coûts, ou, juste après la fameuse loi de Martine Aubry, sous-traitées directement aux ingénieurs et cadres, puisque nombre d’entre eux ne pointent pas au contraire de leurs collaborateurs ouvriers et ETAM !

Toutefois cette présence importante ne permet pas toujours de « couvrir » les disponibilités plus conséquentes en jours des collègues américains, allemands, d’Europe de l’est et évidemment de ceux d’Asie… Et on retrouve ici la moitié du mois de mai, le mois d’août et des morceaux importants ailleurs pour les divers ponts et viaducs !

Finissons de compléter le tableau des droits de congés, puisque dans quelques années, j’aurai normalement droit à congés d’ancienneté supplémentaires, ce qui me fera approcher et peut-être dépasser les 40 jours de congés, toujours pour une grosse quarantaine d’heures par semaine, et un maximum de contraintes « logistiques » (dirais-je sobrement). En somme, plus de temps libre au détriment d'un temps de travail suffisamment bien réparti.

En guise de fin, j’alignerai ci-après quelques questions peut-être pas si évidentes qu’elles en ont l’air, mais qu’il convient aussi d’étudier à la lumière de cette expérience :
- La France est-elle aussi compétitive que le prétendent certains spécialistes en termes de temps de travail ? (cliquer ci-contre, graphe de 2006 certainement simpliste sur le temps moyen de travail par pays)
- Pourquoi continuer à se plaindre du pouvoir d’achat, et en même temps ne pas vouloir « revendre » le moindre RTT à son employeur ?
- Pourquoi toujours dire que les grands perdants des 35 heures ont été les métiers peu qualifiés ?
- A-t-on bien réfléchi au pour et au contre en termes de micro- et de macro-économies à repasser à un régime généralisé à 39 ou 40 heures en moyenne par semaine ?
- Ou alors, pourquoi ne pas conférer la possibilité aux cadres et aux techniciens à qui les RTT s’appliquent de revendre leurs « RTT salarié » à leur entreprise valorisés au coût d’heures supplémentaires ?

Ciao
MfS

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