Scission belge

Ou l’opportunité d’un nouvel idéal culturel

Ca sent le roussi du côté des amis belges.
Depuis qu’il y a quelques semaines un collègue d’outre-quiévrain dont je faisais la connaissance m’a assuré que c’était inéluctable, j’en entends effectivement parler un peu partout. Les Flamands et les Wallons ne peuvent apparemment plus se blairer.
Plus factuellement, l’autonomie donnée aux deux communautés a atteint les limites du raisonnable, et en dehors de quelques symboles, comme le roi des belges, un drapeau, la culture de la bière et la recette secrète des pommes frites, on ne sait plus trop ce qui réunit les z’amis du plat pays.

Langues et richesses industrielles.
C’en est quand même au point, où, dans certains lieux de la banlieue de Bruxelles, le français est interdit, soi-disant parce que les Wallons ne font pas l’effort de parler néerlandais avec les autorités et les gens.
Quelle ambiance !
Si on parle d’un projet qui est loin d’être inédit (cf. les Balkans, la Tchéco-Slovaquie ou les républiques de l’URSS), il me semble quand même très intéressant parce que l’envrionnement est particulier, et tout ça se passe à « 2 pas de chez nous »…
En effet, je peux bien comprendre que ce problème de langue soit crucial ; si on ne se comprend pas, c’est donc difficile de s’entendre et donc de rester uni. Et ça n’est pas seulement valable à l’échelle des peuples.
Ca pose d’ailleurs la question du poids de la langue dans la constitution d’une nation, mais le sujet est bien vaste pour mon petit article de jour (revenons-y plus tard certainement).
La séparation dont on parle est très certainement aussi basée sur le déséquilibre de richesses et notamment lié à la répartition du tissu industriel. Là encore, les Flamands reprochent aux Wallons de se laisser vivre alors qu’eux travaillent durs. Ca ressemble drôlement au cas italien, où le Nord reproche globalement au Sud de glander ; nous avons-nous même des cas similaires en France.
Et il y a le cas de Bruxelles, un ilot de francophonie au milieu d’une mer de néerlandophones.
Accessoirement, il y a aussi une minorité germanophone, toutefois majoritaire dans les territoires appelés Eupen & Malmédy à l’Ouest du pays. Qu’adviendraient-ils ?

Et le divorce devrait subvenir d’ici quelques mois seulement…
Apparemment des élections ont lieu bientôt (Mars 2008 ?) et il serait question que la constitution actuelle devienne caduque, mais là ce sont des bruits de couloirs.
Rapidement, mon raisonnement revient toutefois à ce qui peut unir les Belges, et je reste accroché régulièrement sur la question européenne, qui devrait être notre projet commun à tous par ici. Comment vont-ils régler cette affaire sans créer des remouds (i.e. difficultés) à l’échelle de l’Union Européenne ?
En général, quid des traités divers signés au nom d’une nation qui disparaît ? Seront-ils reconnus par les hypothétiques deux entités ?
Comment accepter qu’une nation se déchire si on considère difficilement la différence entre les potentiels peuples qui la composent ?
Bref, si la Belgique, illustre membre fondateur de la CEE, et qui existe depuis 1830, devait finir par disparaître, c’est un peu toute l’Union Européenne qui serait remuée voire remise en cause…

Une autre voie !
Bon OK, imaginons un monde où ça y est ; « The fools, they made it ! » (visualiser Charlton Heston devant un reste de la Statue de la Liberté ensablée).
Irrémédiablement, je reviens vers une idée qui est plus vieille que moi, celle de la création d’un état « tampon » entre les puissances française et allemande. Les 2 guerres mondiales avaient en effet laissé penser qu’il fallait séparer les 2 garnements qui n’arrêtaient plus de lorgner sur les « billes » (c’est un compliment, je vous assure).
Créer un état « artificiel » composé au moins de l’Alsace, la Lorraine et la Sarre aurait eu ce sens de positionner un nouvel acteur dans la cour, et assez puissant de surcroît. Surtout si en plus, il est question d’y ajouter le Luxembourg, et toute autre territoire à problèmes dans la région. Vous voyez où je veux en venir.

Une nouvelle nation...
Dans mes réflexions les plus avancées, je verrai bien une autonomie avancée à la Belgique flamande, et je rattacherai la Wallonie à ce fameux état « tampon ». On se rapprocherait alors un peu plus de la Lotharingie d’antan (issue de Lothaire, fils de Charlemagne) qui s’étendait de la Mer du Nord à Florence. Et voilà que je crée la Nouvelle Lotharingie. Ca ferait certainement raisonner les esprits et les cœurs de certains que nous sommes, déchirés dans une culture intermédiaire, et qui en définitive pourra s’émanciper et concrétiser un espoir de prospérité partagée dans une nouvelle nation, qui éviterait les biais de ces voisins (Je frise les théories idéalistes, là).

Culture(s) ancienne(s), nouvelle Nation, Grand Projet.
Parce qu’en fait, la culture commune existe selon moi, au travers d’une histoire récente souvent très proche, mais aussi celle de la langue dans une certaine mesure. Considérons donc le dialecte ancestral parlé en Alsace, dans l’Est mosellan, en Sarre et la langue Luxembourgeoise. Ils sont très proches, certes pas uniformes, mais clairement associables. Il suffirait pratiquement de se lancer dans ce que le Grand-Duché a réalisé il y a quelques dizaines d’années en poussant l’ajustement et l’officialisation d’une langue et son éducation dans le pays.
Bien sûr, la nouvelle nation devra adhérer à l’Union Européenne, on pourrait par exemple se baser sur les traités signés par le Luxembourg et en reprendre la continuité. Ce serait donc un nouvel espoir, basé sur un nouveau projet culturel et social.

Au bilan, si la Belgique actuelle veut se scinder c’est certainement un chamboulement notoire auquel il faut qu’on se prépare, mais il serait certainement possible d’en faire rejaillir un nouvel espoir, et pourquoi pas basé sur le projet socio-culturel exposé ci-avant. Quant aux leviers pour y aller, je ne suis pas sûr qu'ils existent vraiment, mais osons rêver un instant de la Nouvelle Lotharingie...
A suivre !

La Belgique libre est morte ! Vive la Nouvelle Lotharingie !

Ciao
MfS